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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/69

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exploit qui aboutissait à un tel résultat n’en facilitait pas moins sa tâche au point que, de ce jour, l’écroulement de l’Allemagne lui paraissait maintenant possible et même probable avant la fin de l’année en cours. L’événement l’aidait à se résigner, d’autre part, à voir l’offensive des Flandres, si brillamment engagée, stopper à son tour pour un moment. Les attaques d’aile étant momentanément arrêtées, l’attaque du centre avait, par son succès, dépassé toutes les espérances. Et, par surcroit, la manœuvre, entre l’Oise et la Vesle, venait d’ébranler soudain, entre le champ de bataille de Debeney et celui de Gouraud, en face des armées Mangin et Berthelot, une partie importante du front allemand et d’en faire crouler tout un pan.

Pas d’attaque d’ailleurs, — même les moins heureuses, — qui n’eût eu comme résultat le profond ébranlement du front allemand tout entier. Sous ces coups de bélier, de grandes lézardes se produisaient et presque aussitôt on voyait le mur lézardé s’écrouler soudain devant l’assaillant aux aguets. Le Haut-Commandement allemand se devait décider aux grands sacrifices. Nous avons vu comment, menacés tout à la fois au Sud par la victoire des armées britanniques devant Cambrai et l’avance qui en résultait au sud de la région fortifiée de Lille, et au Nord par la poussée des armées des Flandres vers Roulers et Menin, les Allemands avaient dû commencer un large mouvement de repli entre Lys et Scarpe. Le front qui, le 10 octobre, s’étendait encore de l’ouest d’Armentières à Lens, avait été reculé dans les journées des 2, 3, 4 octobre, sur une ligne Frelinghien (sur la Lys)-Est d’Armentières-Erquinghem (Ouest de Lille)-Vendin-le-Vieil-Sallaumines (Est de Lens) et Acheville (Est de Vimy). Le saillant d’Ypres supprimé, Lille était serré de près (la ligne n’était plus qu’à 9 kilomètres de la ville), tandis qu’Arras, déjà dégagé au Sud et à l’Est par les grands succès britanniques d’août et de septembre, l’était, au Nord, par l’évacuation de tout le bassin de Lens. Reculant sur un front aussi considérable. l’Allemand, par ailleurs, était contraint à un repli plus important entre Oise et Suippe : l’ordre en était déjà donné ; la retraite allait commencer le 5 octobre même. Et de ce fait encore, Foch avait des raisons de s’estimer satisfait.

Mais un Foch ne se satisfait point facilement. Il écrirait comme le jeune général Bonaparte après Montenotte, Millesimo