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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/783

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Son attaque débute le 27 mai. Elle le conduit dans un vaste saillant qui, des abords de Soissons, va sur Château-Thierry, remonte la Marne jusqu’en face de Dormans et se dirige vers le nord de Reims. Encore une fois, elle a réussi au delà de toute espérance, mais la décision n’est pas venue. Ludendorff a failli à ses promesses. Grand est le désappointement dans toute l’Allemagne.

Alors, malgré les signes avant-coureurs d’une profonde désespérance du peuple allemand, malgré les indices certains d’un abaissement significatif du moral des armées, malgré la diminution constante d’effectifs dont il ne sait plus comment combler les vides, Ludendorff s’obstine à tenter une troisième fois, dans le même style, une nouvelle et colossale attaque.

Elle commence, le 15 juillet au soir, sur un front considérable, englobant largement le saillant de Reims, à l’Ouest depuis Château-Thierry, à l’Est depuis les collines de la rive gauche de l’Aisne au sud de Vouziers. Dès le premier jour, elle s’effondre en Champagne devant nos deuxièmes positions. A l’Ouest et au Sud-Ouest de Reims, elle tombe sur une défense dont les organisations sont à peine ébauchées et fait quelques progrès, mais s’y heurte à une telle résistance que son élan est aussitôt brisé ; sur la Marne, elle franchit la rivière, conquiert quelques kilomètres de la rive Sud et, contre-attaquée, s’arrête épuisée. A peine en action depuis deux jours, elle est déjà par- tout ligotée. C’est alors que, soudain, sur son flanc droit, dans la région de Villers-Cotterets, surgit une contre-attaque française.


En un jour, le 18 juillet 1918, tout est compromis. Les masses de troupes aventurées sur la Marne et au delà sont obligées, leurs communications étant menacées, de se replier sous la pression de l’ennemi jusqu’à la ligne Aisne-Vesle. Les pertes sont considérables.

Le coup est dur, mais Ludendorff croit pouvoir le parer encore, car, prêtant à ses adversaires ses procédés, il pense qu’ils vont, comme lui, bientôt s’arrêter. Il aura le temps de remettre de l’ordre dans ses unités mélangées ; il enverra au repos les divisions qui ont le plus souffert ; il en dissoudra un certain nombre pour renforcer les autres ; il préparera une quatrième grande offensive. Ludendorff est aveugle ; il ne voit