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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/782

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vont avoir à livrer avec le même entrain qu’elles mettaient, un an auparavant, à étudier les procédés défensifs.

Pour être plus près des champs de bataille, le Grand Quartier général se transporte a Spa, tandis que Ludendorff, avec quelques officiers de son bureau des opérations, s’installe à Avesnes, en poste de commandement, Hindenburg est avec lui.

Le 13 février, il annonce à l’Empereur que l’armée sera bientôt rassemblée et prête à entamer « la plus grande tâche de son histoire. »

Le 21 mars 1918, l’assaut est donné par près de 80 divisions entre Arras et La Fère. Dans un élan de quelques jours, les Allemands parviennent jusqu’à Albert, Moreuil et Montdidier, puis, un peu plus tard, jusqu’à Noyon. Mais, le 4 avril, il faut mettre un frein au mouvement, sous peine de le voir s’arrêter de lui-même. On recommence en Flandre. Là encore, du 3 au 25 avril, on avance d’abord à grande allure, puis plus lentement ; enfin, l’on piétine sur place, et il faut renoncer. Partout, de l’Oise à la Mer du Nord, Anglais et Français réunis sont parvenus à endiguer le flot.

Ludendorff ne désespère pas ; il fera une nouvelle tentative, mais elle ne peut pas être prête avant la fin de mai. Elle s’effectuera sur l’Aisne, tandis que l’Autriche, quelques jours plus tard, se lancera à l’assaut du front italien du Piave. Tout est à l’espoir. Ludendorff s’est assuré la possession de la Courlande, de la Livonie, de la Lithuanie, de la Pologne ; il domine l’Ukraine, négocie avec les Cosaques du Don ; il est installé dans le Caucase ; la Roumanie est asservie. Un seul point noir : la Palestine ; mais qu’est-ce auprès de telles acquisitions et des perspectives heureuses qui s’ouvrent devant l’armée allemande en France ? C’est lui qui dirige opérations et négociations, presse sur le gouvernement pour faire adopter ses vues sur toute question ; il est partout.

Mars et avril 1918 ont procuré à Ludendorff des succès tactiques sans précédents ; cette fois, il croit tenir la décision que la première attaque ne lui a pas donnée. Il refait ses moyens, profite du répit pour apprendre à ses troupes les enseignements mis en valeur par la première expérience, et prépare une offensive sur l’Aisne, brutale comme les précédentes, secrète comme elles, sur un front où le succès est certain, puisqu’il le sait insuffisamment défendu.