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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/786

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Le mois d’octobre est inauguré par la formation d’un gouvernement simili-démocratique, présidé par le prince Max de Bade, lequel a été choisi par le Reichstag avec l’approbation de l’Empereur. La couronne elle-même s’abandonne !

Le 12 octobre, les armées allemandes sont rejetées sur la position de repli : Consenvoye, Grandpré, Aisne, Serre, Valenciennes, Tournai, Lys, Ecloo ; les Allemands ont évacué leurs bases maritimes de Zeebrugge et d’Ostende. La Lys est même déjà franchie en plusieurs points par l’ennemi et l’aile droite de la défense par conséquent tournée. Or, sur tout le reste du front de bataille, les Alliés ne laissent pas aux défenseurs un instant de répit. Prolonger la résistance pourrait amener un désastre ; encore une fois, il faut se replier, prendre un front plus court, car les réserves baissent à vue d’œil et aucun renfort sérieux ne vient plus de l’intérieur. Vers la fin du mois, le recul est entamé vers la ligne : Anvers-Charleroi-Namur-Meuse. Le point de jonction de toutes les lignes de défense situées sur la rive droite de cette rivière, en aval de Verdun, a même été entamé dès le 8 octobre par une attaque anglo-américaine. La situation est réellement désespérée.

Pendant ce mois, Ludendorff n’est pas seulement aux prises avec l’ennemi, mais encore avec un Gouvernement qui, effrayé des. responsabilités à encourir, exige de l’autorité militaire, avant de capituler, des précisions sur les chances de résistance que l’Allemagne possède encore. Dans ces conseils ministériels, où Ludendorff apparaît à certains moments plutôt comme un coupable que comme un conseiller, il se contredit souvent parce qu’il ne veut abandonner rien de certaines de ses prétentions. C’est ainsi qu’il s’élève avec véhémence contre la dureté des conditions du président Wilson, quoiqu’il veuille capituler ; il cédera, mais le moins possible. Si l’ennemi est trop exigeant, que l’Allemagne, sûre de périr, périsse au moins les armes à la main ; elle ne doit déposer l’épée qu’à l’heure où elle lui sera arrachée. Il veut que le Gouvernement déchaîne les passions nationales et proclame la levée en masse, mais il n’attend lui-même aucun grand résultat de cette mesure désespérée.

Devant une telle incompréhension de la situation militaire vraie ainsi que de l’état d’esprit du peuple allemand, le Gouvernement n’a plus qu’une ressource : écarter ce contradicteur gênant et dangereux. Il exige son renvoi. Et, le 26 octobre,