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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/81

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ne put la franchir ; mais l’infanterie bordait bientôt la rivière sur la rive Ouest jusqu’à Vieily, la ligne se dirigeant au Nord par Saint-Hilaire et Avesnes, puis l’Escaut à Thun-Saint-Martin.

Ayant enlevé le bois de Landricourt et Fontaine-Notre-Dame, Debeney, poursuivant toujours l’ennemi, poussait ses troupes vers l’Oise ; le cours du fleuve était, de Bernot à Mézières, atteint. En cette journée du 10, la 1re armée britannique s’étant, au Nord de la 3e, associée à la poursuite, et ayant pris Loison, Noyelles et Bois-Bernard, la ligne atteinte était, sur le front des armées assaillantes, jalonnée par Hem-Lenglet, Estrem, Avesnes-les-Aubert, le Cateau, Saint-Souplet, Vaux-Andigny, Sebaucourt, Bernot, et la rive droite de l’Oise.

Retranchés derrière la Selle jusqu’au Nord du Cateau, derrière l’Oise depuis Bernot jusqu’à la Fère, et, ayant entre le Cateau et Bernot, créé hâtivement une solide bretelle, les Allemands paraissaient résolus à résister. C’était donc une nouvelle phase de combats qui allait commencer.


Celle qui se terminait avait été si brillante que, à la date du 13 octobre, les résultats dépassaient encore les plus belles espérances conçues dans les premiers jours de septembre. Les Américains, maitres de l’Argonne, allaient donner, à Grandpré, la main à l’armée Gouraud ; celle-ci, délivrée de la pesée que faisaient sur sa droite le massif enfin nettoyé et sur sa gauche les Monts maintenant enlevés, venait d’occuper la région de Vouziers et de pénétrer dans la ville. Guillaumat, engagé en plein dans la trouée de Juvincourt, marchait sur le Porcien et la ligne de la Serre ; les Allemands, ramenés de la Vesle à l’Aisne, n’avaient pu tenir sur les redoutables plateaux d’entre Aisne et Ailette, tournés à l’Est par la 5e armée, attaqués de revers à l’Ouest par Mangin ; celui-ci, ayant, par ses incessants coups de bélier, ébranlé l’ « imprenable » position de Saint-Gobain, l’avait vue s’écrouler et s’était saisi de Laon. Debeney lui tendait la main dans la région de La Fère dont la chute était imminente. Notre 1re armée, assurant la liaison des armées françaises avec les Britanniques, avait, de concert avec ceux-ci, emporté, du 27 septembre au 10 octobre, la formidable position Hindenburg que, courant border la Selle, les armées de Haig avaient de beaucoup dépassée. Et, au Nord, le groupe d’armées des