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Page:Revue des Deux Mondes - 1919 - tome 54.djvu/91

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évitent toute espèce d’apparences chimériques. Tandis qu’il les écrit, son esprit court en avant, mais sa plume s’en tient à l’obstacle à vaincre présentement et ne jette à ses lieutenants que des ordres immédiatement, encore que largement, réalisables.

Le 10 octobre, la voix du grand chef s’est de nouveau élevée. La situation que nous avons vue se réaliser entre le 8 et le 15, lui paraît, dès le 10, acquise. La directive l’envisage pour relancer chaque armée à l’assaut des nouvelles positions à conquérir. C’est le début de l’action décisive. La directive du 19, qui suivra de si près, — parce que, rapidement, la bataille se transforme, — en dictera la suite. Et ce sera la fin.

La directive du 10 octobre ordonne, — dans les deux sens du mot, — la poursuite des offensives si heureusement menées dans les « trois directions convergentes. » Ces trois directions convergentes sont : « celle de la Belgique, celle de Solesmes-Wassigny, celle de l’Aisne-Meuse. »

Les trois actions visent à l’enveloppement de l’ennemi dans la région ardennaise par le Nord, l’Ouest et le Sud. Mais le Maréchal sait par expérience, depuis la fin de septembre, quelle résistance désespérée les Allemands font aux ailes. Il a vu les attaques entre Ypres et Lys, entre Suippe et Meuse, arrêtées après de brillants succès, tandis qu’au centre Debeney et les lieutenants de Haig défonçaient si délibérément la position.

La plus avantageuse des directions à exploiter est donc celle qui, de cette ligne Hindenburg défoncée, vise, au delà du Cateau, la ligne Solesmes-Wassigny : « Elle est en conséquence à poursuivre avec le plus de forces possible pour en faire sortir en même temps les progrès vers Mons-Avesnes (au Nord). »

A gauche de cette nouvelle bataille, il s’agit, par surcroit, d’ébranler la nouvelle ligne ennemie par la chute de Lille. Tandis qu’au Nord, l’offensive sera reprise et vigoureusement menée dans les Flandres, une attaque des armées britanniques en direction du Nord-Est entre l’Escaut et la Sambre isolera, par son Sud, la région fortifiée qui, devant cette manœuvre combinée, sera, espère-t-on, promptement dégagée. En même temps, à droite de la bataille Solesmes-Wassigny, une autre manœuvre sera combinée avec l’offensive de Gouraud et des Américains entre Aisne et Meuse, pour déborder la ligne de la Serré et sera confiée à l’infatigable 1re armée française (Debeney). Ainsi attaquée aux