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Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 56.djvu/298

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en Italie par Vintimille, passait par Gênes, Livourne, Rome, Caserte, Foggia, et aboutissait à Tarente. A partir de ce port, un petit nombre de transports, faisant le va-et-vient, ont pu suffire à assurer les communications maritimes, d’abord avec Salonique directement, ensuite[1] avec le petit port d’Itea, dans le golfe de Corinthe[2]. Le trajet sur voie ferrée par l’Italie a donc écourté la partie maritime du parcours de toute la distance qui sépare Marseille du travers de l’Adriatique. Ainsi est devenue-possible une très appréciable économie de tonnage, et ainsi a été réalisée, tant qu’a duré la guerre, une inestimable économie de risques. On ne croit pas que l’épithète d’inestimable soit désavouée par ceux de nos soldats et officiers qui ont bénéficié de cette facilité, au temps maudit des torpillages.

Le fonctionnement de cette « ligne de communication » a exigé de la part du gouvernement italien l’organisation de ce qu’on appelle en style technique des « marches de trains, » de deux trains quotidiens de personnel dans chaque sens et de deux trains quotidiens de matériel dans le sens Franco-Orient. Il a amené le gouvernement français à procéder en Italie à diverses installations le long du parcours : cuisines militaires, infirmeries de gare, postes de gendarmerie dans nombre de stations, gîte d’étapes et hôpital à Livourne, vaste base et hôpital à Tarente.

Le nombre des hommes (plus de 500 000) et la quantité de matériel (plus de 40 000 tonnes), qui ont transité par cette voie dans les deux sens, depuis le 20 décembre 1916, prouvent assez de quelle utilité nous a été, pour nos communications avec l’Orient, la disposition du territoire italien.

Cette utilité résulte, du reste, de la géographie même. L’Italie s’interpose, comme le Sud de l’Allemagne, comme l’Autriche et la Hongrie, entre l’Orient balkanique et d’autres pays. Si l’une des deux voies se ferme, l’autre s’impose. Une autre preuve s’en est offerte quand, après les armistices, il s’est agi pour nous d’organiser le ravitaillement rapide, par voie de terre, de notre armée d’Orient, éparpillée dans toute la péninsule des Balkans, depuis Constantinople et Salonique jusqu’aux frontières de l’Autriche allemande « t de la Hongrie. S’il nous

  1. Après l’entrée en guerre de la Grèce à nos côtés.
  2. Où l’itinéraire reprenait la voie de terre, par camion jusqu’à Bralo, et par chemin de fer de Bralo à Salonique.