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avait fallu acheminer nos ravitaillements, nos relèves, nos permissionnaires, par voie de mer de Marseille ou même de Tarente à Salonique ou à Constantinople, et de l’un de ces deux points à des endroits perdus de Serbie, Yougo-Slavie ou Roumanie, et vice versa, à quelles difficultés insurmontables ne nous serions-nous pas heurtés ! Nous aurions dû commencer par réparer des voies ferrées coupées, des ouvrages d’art détruits par l’ennemi dans sa retraite, des routes réduites à l’état de fondrières. C’est encore à l’Italie qu’obéissant à une loi écrite sur la carte, nous nous sommes adressés pour nous tirer d’embarras. Une seconde « ligne de communication » a été organisée qui, entrant en territoire italien à Modane, a passé par Turin, Milan, Vérone, Vicence, Trévise, Mestre (près de Venise), Trieste, d’où elle se poursuit par Laybach, Fiume, Agram, et de là rayonne dans les directions où se trouvaient nos détachements. Elle a entraîné des installations similaires a celles de la première et n’a pas été d’une moindre utilité[1].

La liberté de passage, pour les transports militaires, et les facilités permettant d’en user sont des services qui ne se refusent pas entre alliés. Mais, surtout quand ils sont aussi précieux, ces services n’en font pas moins apprécier l’alliance à laquelle on en est redevable.


XIII. — LES TRAVAILLEURS MILITAIRES ITALIENS

Une des spécialités de l’Italie a toujours été la main-d’œuvre. Son émigration répand annuellement sur l’Ancien et le Nouveau Monde des centaines de milliers d’ouvriers.

La guerre, par l’usage intensif qu’elle a fait des retranchements, des défenses fixes et accessoires, des chemins de fer, des routes, par le besoin qu’elle a eu d’installations multiples, au front et à l’arrière, camps d’aviation, camps d’instruction, cantonnements, par la manutention formidable qu’elle a exigée dans les ports, dans les gares, a donné lieu à une somme prodigieuse de travaux, réclamé par suite une énorme quantité de main-d’œuvre. Si cette main-d’œuvre avait dû être fournie exclusivement par les troupes combattantes, elle aurait prélevé

  1. L’effectif transporté s’élevait en juillet dernier à environ 15 000 hommes.