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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1898.djvu/33

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L’ENSEIGNEMENT AGRICOLE A L’ÉCOLE PRIMAIRE

à prendre en main la charrue, dans le but d’augmenter la prospérité de ses champs et d’accroître son héritage.

Alors on verra diminuer l’émigration des fils de cultivateurs vers les cités. Les adolescents, rassurés sur l’avenir que peuvent leur réserver les travaux injustement décriés des fermiers, seront moins tentés d’aller chercher fortune à la ville, et la plupart d’entre eux auront la sagesse de préférer la vie modeste et libre de l’agriculteur à la condition, parfois plus lucrative mais toujours plus servile, du fonctionnaire.

Puisque nous avons pour mission, en définitive, de faciliter l’adaptation du paysan avec le milieu dans lequel il habite et qui le fait vivre, nous ne saurions mieux faire, dans nos écoles rurales, que d’instruire nos élèves sur les éléments des sciences physiques et naturelles.

L’agriculture a pour but l’exploitation du milieu ambiant par l’homme. L’agriculteur s’efforce d’accroître la fertilité naturelle du sol, c’est-à-dire d’activer la production des plantes utiles et nourrissantes sur les champs de sa ferme, afin de multiplier le nombre des animaux domestiques qu’il est possible d’élever sur un espace donné, et de permettre par suite à des hommes plus nombreux de vivre en une région déterminée. Par conséquent, rien n’est plus indispensable que de découvrir les relations qui peuvent exister entre la nature inerte et les êtres vivants.

Nous devrons conduire cette étude de manière à faire connaître seulement les lois et les phénomènes essentiels, qui dominent la pratique agricole, parce qu’ils constituent la règle immuable suivant laquelle les éléments évoluent, passent du règne minéral au règne végétal, des végétaux aux animaux, puis retournent à l’atmosphère ou au sol quand se décomposent, après leur mort, les corps des animaux ou ceux des végétaux.

L’étude de ce mécanisme, qui préside à la formation et à la vie des êtres aux dépens des substances nutritives qu’ils prennent autour d’eux, la connaissance des circonstances qui favorisent celte assimilation, et l’examen des conditions extérieures qui la ralentissent ou l’empêchent, permettront au-cultivateur de remplacer la routine par la méthode, et de diriger avec certitude son travail et ses efforts dans le sens le plus favorable au but qu’il se propose.