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REVUE PÉDAGOGIQUE

On pourrait craindre que le sujet, envisagé à ce point de vue, ne fût d’une difficulté inextricable, même pour un homme très instruit, et, dans tous les cas, inabordable pour les écoliers de u08 campagnes. Toutefois, si l’on considère que ce grand problème a reçu depuis de longs siècles une solution, incomplète, mais satisfaisante, due à des hommes qui n’étaient éclairés et guidés que par les besoins de la vie journalière ; si l’on remarque que la routine agricole représente, dans chaque région, la vérité moyenne, la formule approchée de la solution inconnue, variable avec la nature du sol et les conditions climatologiques, il nous est permis de prévoir qu’un petit nombre de lois simples président à la circulation des éléments matériels dans les trois règnes de la nature. L’initiation du cultivateur à ces notions fondamentales sera donc possible, facile peut-être ; il importe de la tenter.

Précisons notre programme afin d’aborder le côté pratique de la question. C’est ici que se présente une difficulté grande au point de vue pédagogique.

La physique, la chimie, la botanique et la zoologie constituent aujourd’hui des branches distinctes et fort touffues du savoir humain ; pour bien connaître le monde extérieur, il faudrait les posséder dans leur ensemble et dans leur détail, chose évidemment impossible. Nous sommes donc acculés à la nécessité de choisir, pour nos futurs élèves, parmi les chapitres nombreux et tous importants de ces sciences distinctes mais non indépendantes, quelques paragraphes essentiels, quelques lois fondamentales. Nécessairement, nous ne donnerons aux futurs agriculteurs que des points de repère ; quel que soit le choix et la méthode, notre enseignement sera incomplet ; il sera toutefois d’autant meilleur que, par une sélection plus judicieuse de ces jalons scientifiques aussi peu nombreux que possible, le cultivateur sera mis à même de diriger plus intelligemment ses travaux.

Pour la physique et la chimie, les anciens nous donnent une indication précieuse.

Leurs philosophes, préoccupés du grand problème de la genèse et de l’évolution de l’univers, avaient émis l’hypothèse que tout ce qui existe était formé par quatre éléments : le Feu, l’Eau,