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Un Enseignement primaire janséniste de 1711 à 1887[1].


Voici une assez curieuse histoire pédagogique. Nous étions loin de croire, il y a dix-neuf ans, qu’il existait encore en plein Paris, sous le ministère de Jules Ferry, des écoles populaires jansénistes au moins par leur origine. C’est pourtant ce que nous apprend M. A. Gazier, d’après des documents authentiques empruntés à ces riches collections d’où il tirait naguère[2] des révélations piquantes sur d’inattendues relations de Voltaire avec les « Convulsionnaires » et miraculés de Saint-Médard.

Le fondateur des Ecoles de charité du faubourg Saint-Antoine, l’abbé Charles Tabourin[3], né en 1677, en Champagne, était un de ces « port-royalistes » de la génération de Quesnel, de l’abbé Pucelle, de l’abbé d’Etemare, dont les malheurs du Jansénisme, à la fin du règne de Louis XIV, ne firent qu’augmenter la vigueur combative et l’espérance mystique. Il n’était, probablement, pas écrivain. Les bibliographies ne lui attribuent, je crois, que la publication, en 1740, de l’œuvre d’un autre : l’Education des filles de l’abbé Salas, « ouvrage, dit le Journal des Savants de 1740, convenable seulement aux personnes qui prennent le parti de la retraite et qui se livrent entièrement à la vie austère ». En fait d’austérité, Tabourin devait, précisément, rendre des points aux

  1. A. Gazier, Les Écoles de charité du faubourg Saint-Antoine. École normale et groupes scolaires (1713-1887). [Extrait de la Revue internationale de l’Enseignement.] P., Libr. générale de Droit et de Jurisprudence, F. Pichon et Durand-Auzias, 1906, in-8, 39 pp.
  2. Revue des Deux Mondes, avril 1906.
  3. Voir à l’article Frères dans le Dictionnaire de Pédagogie, de Ferdinand Buisson, une notice courte et substantielle de M. E. Rendu sur cette fondation. Tabourin y est qualifié, à tort, de curé de Sainte-Marguerite.