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REVUE PÉDAGOGIQUE

maire — aux lycées de Saint-Quentin, de Rennes et de Douai (octobre 1857-octobre 1869), inspecteur d’Académie à Vesoul, Moulins, Mézières et Lille, du 8 octobre 1869 au 28 juillet 1882, et enfin inspecteur général jusqu’au 1er janvier 1892.

Dans aucune de ces fonctions il ne s’est montré inférieur à sa tâche. J’ai connu quelques-uns de ses élèves du lycée de Douai : ils avaient gardé le souvenir le plus net et le plus reconnaissant de sa bonté, de sa belle humeur, de ses leçons si vivantes, si claires, si éducatrices du cœur et de l’esprit.

Mais c’est surtout dans l’inspection qu’il donna sa mesure ; il était vraiment l’homme de l’emploi. Son administration était faite d’honnêteté, de justice, de franchise un peu rude, tempérée de courtoisie et de bienveillance, et en même temps de travail incessant et de dévouement sans bornes aux enfants de nos écoles et à leurs maîtres.

C’est par cet ensemble de qualités qu’après d’heureux débuts à Vesoul et à Moulins il se fit estimer, aimer, vénérer — le mot n’est pas trop fort — dans ses chères Ardennes, donnant ainsi un éclatant démenti au proverbe que « nul n’est prophète en son pays ». On le vit bien à ses funérailles où tant d’instituteurs, tant d’anciens collaborateurs et d’amis sont venus lui apporter un dernier témoignage d’affection, de reconnaissance et de respect. L’un d’eux qui travailla à côté de lui pendant plus de vingt-cinq ans et qui vécut trente-deux ans dans son intimité, M. Poulain, ancien chef de la division de l’enseignement primaire à la préfecture du Nord, a rappelé avec émotion ce que fut M. Carré dans cette période de sa vie. « Instituteurs des Ardennes, chers confrères de ma génération, vous ne saurez jamais à quel point il vous aimait, combien il était heureux de ses entretiens avec vous, quel paternel intérêt il vous portait ainsi qu’à vos familles. Ayant parcouru dans ses tournées à peu près toutes les communes des Ardennes, il y connaissait tout, choses et gens, notabilités, autorités, instituteurs et institutrices, besoins des écoles, désirs de chacun. Servi par une mémoire non moins prodigieuse que sa vigueur physique, il n’oubliait rien. C’était chaque jour pour moi un nouvel étonnement de voir comme il possédait dans tous ses détails la situation de famille aussi bien que la situation professionnelle d’une multitude d’instituteurs, leur pays d’ori-