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Page:Roy - L'épluchette, contes joyeux des champs, 1916.djvu/52

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L’épluchette

Venus pour fumer et jaser,
Sans qu’aucun pût s’en aviser,
Sans vouloir faire de bêtise
Les gens se rirent de la foi
Des descendants de Moïse,
S’en gaussèrent hautement, quoi !
Le juif avait beau faire,
Il ne pouvait pas satisfaire,
Parer à tous les traits lancés.
Le pauvre homme en avait assez !
Pour lors, Gros-Jean prit la parole :
— J’vous parl’rai pas en parabole ;
Moé, j’ai pas d’mauvais desseins,
Mais vou aut’ vous avez pas d’saints !
Le juif bondit sous l’apostrophe
Comme cinglé d’un coup de fouet.
Il en devînt si violet
Qu’on craignit une catastrophe.
— Ô tieu d’Apraham, gémit-il,
Bartonne au malheureux gendil
Pour c’ti-là de blasphème !
Bas d’saints ? Nous en avoir même
Blus que tans sa religion !
Gros-Jean reprit : — Oh ! pour ça, non !
Si tu veux faire une gageure,
J’te démontre en un quart d’heure
Que nous avons plus d’saints qu’vous ?
L’hébreux le regarde en dessous
Et son instinct de grippe-sous
Lui suggère une échappatoire,