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chevaux de poste et arriva au bord du Rhône avant la nuit. Là, il eut une inspiration. Toinette devait lui avoir écrit ; elle devait avoir prévu son anxiété et ses poursuites. Ou elle les seconderait, ou elle s’efforcerait de l’en décourager ; mais elle n’était pas femme à rester oisive au milieu d’une telle aventure.

Il courut au bureau de la poste, exhiba son passe-port, et retira une lettre à son adresse :

« Monsieur, disait Toinette, madame l’a voulu. C’est bien malgré moi ! Mais aussi pourquoi n’avez-vous pas daigné me dire si votre fortune répond à vos manières et si le nom que vous portez est le votre ? J’ai eu peur d’avoir été trop loin, et je me suis trouvée sans défense, quand madame m’a dit :

» — Partons, je le veux !

» Quelle est son idée ? Croiriez-vous que je n’en sais rien ? Jamais je ne l’ai vue comme elle est. C’est une volonté, une activité qui sentent la fièvre. Je ne la reconnais plus. Je vous écris du bateau à vapeur où nous sommes déjà embarquées, attendant la cloche da départ. Tout ce que je sais, c’est que nous descendons jusqu’à Avignon. Il me parait bien impossible que nous n’allions pas au moins saluer madame la marquise au château de Larnac. Vous trouverez une autre lettre de mon bureau restant, comme celle-ci, à Avignon.

» Tournon, sept heures du matin. »