Page:Sand - Adriani.djvu/171

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avec précaution, le récit épique de la mort du jeune marquis, et à feindre de l’écouter comme une chose nouvelle. Il en fut dédommagé par les grands éloges qu’on donnait à la beauté de celle qu’on appelait la nouvelle Laure de Vaucluse. On parlait aussi de sa bonté, de sa grâce et de ses talents.

Après avoir entendu ainsi, en déjeunant, la causerie de son hôte, Adriani, arrivé depuis une heure et incapable de goûter un moment de repos avant d’avoir atteint le but de sa course, se disposa à sortir, en disant à Comtois de ne pas l’attendre et de ne pas s’inquiéter de lui.

— Eh quoi ! monsieur, s’écria Comtois effaré, vous ne dormirez pas un instant ?

— Libre à vous de dormir toute la journée, mon cher Comtois.

— Mais c’est que monsieur me laisse là dans un pays affreux, où je ne connais pas une âme… Et si monsieur ne revenait pas ?

— Je compte revenir, Comtois, et je n’entreprends rien de tragique. Est-ce que j’ai l’air d’un homme qui va se noyer ?

— Non, monsieur… Mais enfin… si monsieur prenait fantaisie d’aller plus loin sans moi…

— Vous m’êtes donc bien attaché, monsieur Comtois ? dit Adriani d’un air moqueur.

— Ce n’est pas pour ça, répondit Comtois piqué ; mais