Page:Sand - Adriani.djvu/175

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avait fait un mariage de garnison, car elle était simple cuisinière et ne mettait pas un mot d’orthographe ; mais elle avait de l’esprit naturel, disait-il, et devinait des choses au-dessus de sa portée. Voilà pourquoi il n’était pas fâché de l’éblouir, dans l’occasion, par une supériorité qu’il jugeait incontestable.

Adriani avait pourtant passé devant la source sans lui accorder un regard. Il avait traversé les montagnes environnantes, se dirigeant à vol d’oiseau vers le village de Gordès, qu’on lui avait indiqué comme voisin de Larnac. Il arrivait au milieu du jour, insensible à la fatigue et à une chaleur accablante, au terme de sa course.

Là seulement, il put songer à admirer le pays, qui était superbe, et des vallées fertiles, protégées de montagnes d’un assez beau caractère. Larnac était un vieux manoir d’un aspect imposant par sa situation, d’une importance médiocre cependant, mais rendu confortable par la longue résidence d’une famille aisée et les soins que la belle-mère de Laure y avait donnés durant la tutelle de cette dernière. Dans les premiers jours de son mariage, Laure elle-même avait rempli sa demeure d’une certaine élégance, sans luxe déplacé. Elle eût voulu faire aimer cet intérieur à son jeune mari. Depuis la mort d’Octave, Laure ne s’était plus souciée ni occupée de rien ; mais la marquise avait entretenu toutes choses avec ponctualité.