Aller au contenu

Page:Sand - Adriani.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’au regard terrible qu’elle attacha sur lui. Il n’y avait pourtant aucune colère dans ce regard ; mais il s’en échappait un froid de glace qui passait dans tous les membres.

Adriani quitta la main de Laure après l’avoir baisée une seconde fois ; il salua profondément la marquise, et, surmontant l’espèce de paralysie que lui causait l’aspect de cette femme, il la regarda fixement aussi, attendant qu’elle passât de l’épigramme au reproche.

La marquise restait debout, et cette attitude était fort significative. Laure ne pouvait ni s’asseoir ni faire asseoir son hôte, avant que la vieille dame, habituée d’ailleurs au rôle de première maîtresse de la maison, leur en eût donné l’exemple.

Cette situation bizarre dura presque une minute, c’est-à-dire un siècle, si l’on se représente l’embarras intérieur d’Adriani.

Mais il avait trop d’usage pour ne pas paraître aussi à l’aise que si la marquise l’eût reçu à bras ouverts, et cette aisance la frappa vivement. Elle sentit quelque chose de supérieur dans cet inconnu, et, comme, à ses yeux, la supériorité, c’était un grand nom ou une grande position dans le monde, elle craignit d’avoir été trop loin et se rassit en invitant, d’un geste royal, sa belle-fille et son hôte à en faire autant. Puis elle se renferma