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Page:Sand - Adriani.djvu/258

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tance ; mais elle crut devoir lui donner un conseil qu’il reconnut très-sage.

— Gardez-vous de faire connaître votre position à ces gens-là, lui dit-elle. Si vous voulez un engagement de cinquante ou soixante mille francs, feignez de n’avoir pas le moindre besoin d’argent. Soyez réellement propriétaire d’un château dans le Midi ; que la faillite de Descombes ne vous ait pas atteint. Je dirai que vous avez un million ; autrement, on vous offrira vingt mille francs. Il n’y a que les riches qu’on paye cher, vous le savez bien.

Adriani promit de revenir à cinq heures. Il courut chez ses connaissances pour s’informer de son côté, et cacha son désastre avec d’autant moins de scrupule que c’était une tache de moins sur la mémoire du pauvre Descombes. Il apprit avec terreur, chez Meyerbeer, que l’Opéra avait fait choix de son premier ténor et que le traité devait être signé dans la journée.

Il le fut, en effet, mais à sept heures, chez Valérie, entre le directeur, que Courtet manda à cet effet, séance tenante, et Adriani, pour trois ans, et moyennant soixante-cinq mille francs par année. Ce que les influences les plus compétentes et les intérêts les plus déterminants eussent du débattre longtemps sans succès, comme de coutume, l’ascendant d’une femme l’emporta d’assaut.