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Page:Sand - Adriani.djvu/276

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vous dire ; mais je ne veux pas m’expliquer cela en courant, et je vous demande le calme d’une audience.

Adriani était suffoqué de joie et parlait comme dans un rêve.

Il était logé, presque pauvrement, dans un local assez spacieux pour que sa voix n’y fût point étouffée et brisée dans les études ; mais il était à peine meublé. Résolu à se contenter du strict nécessaire, afin de s’acquitter plus vite et plus sûrement, il était installé, non comme un homme qui doit dépenser, mais comme un homme qui doit économiser cent mille francs par an.

Comtois, qui était réellement précieux comme valet de chambre, et qui, sachant enfin les faits, ne pouvait plus refuser son estime à son artiste, suppléait à cette sorte de pénurie volontaire par des soins et des attentions qui marquaient de l’attachement et qui empêchèrent Adriani de s’en séparer, bien qu’un domestique lui parût un luxe dont il eût pu se priver aussi.

Grâce à Comtois, un ambigu assez convenable attendait Adriani à tout événement. Il se hâta d’allumer le feu, car il faisait froid et l’artiste souffrait de voir sa belle maîtresse si mal reçue.

— Vous me donnez une meilleure hospitalité, lui dit-elle, que celle que je vous ai offerte au Temple dans les premiers jours.

Et, se mettant à table avec lui et Toinette, elle regarda