Page:Sand - Adriani.djvu/80

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À quoi madame de Monteluz répondit tout haut :

— Je te demande un peu ce que cela peut me faire !

En même temps, elle passa son bras sous le mien et fit quelques pas auprès de moi en remontant vers la maison.

— Prenez garde, madame ! s’écria Toinette. Monsieur, soutenez madame.

En effet, le sentier était fort dangereux ; je l’avais pris pendant le crépuscule pour gagner un rocher isolé dont la situation hardie m’avait tenté ; mais la nuit s’était faite, et, pour regagner les terrasses du jardin, il fallait côtoyer un petit abîme assez menaçant.

— Ne craignez rien pour moi, et regardez à vos pieds, me dit la désolée en prenant les devants avec assurance. Muiron, prends garde toi-même.

— Vous me ferez tomber si vous faites vos imprudences ! lui cria encore la Muiron en s’attachant à moi avec frayeur. Voyez, monsieur, si ce n’est pas déraisonnable ! ça fige le sang ! Ne passez pas par là, madame ; faisons le tour !

Madame de Monteluz ne semblait pas l’entendre. Elle franchit le pas dangereux sans paraître y songer, et, tout étonnée ensuite de l’effroi de la Muiron, elle lui dit :

— Mais de quoi donc t’inquiètes-tu ? Tu sais bien que je n’ai plus le vertige.