Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/243

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il refusa et le pauvre Rivonnière, emballé avec son lit dans un wagon, partit pour Aix-les-Bains aux premiers jours de juillet. De là, il devait, en cas de mieux, aller plus loin ; voyager jusqu’à la guérison ou à la mort, telle était sa pensée. M. de Valbonne l’accompagnait avec un médecin particulier.

Césarine passa encore quelques jours à Paris. Son père était impatient de retourner à Mireval ; elle le fit attendre. Avant de quitter le monde pour six mois, il lui importait de dire à chacun quelques mots justes sur sa situation, qui semblait étrange et faisait beaucoup parler. Au fond, elle éprouvait, au milieu de ses secrètes amertumes, un petit plaisir d’enfant à se voir posée en marquise et à montrer à l’aristocratie de naissance qu’elle l’honorait au lieu de la déparer. Elle s’était composé un rôle de veuve résignée et vaillante qu’elle jouait fort bien. Elle n’avait, disait-elle, que très-peu d’espoir de conserver son mari ; elle avait fait tout ce qu’elle pouvait faire pour lui sauver la vie. Ce n’était point un caprice de générosité, un moment de compassion. Elle l’avait toujours considéré et traité comme son meilleur ami. Elle s’était toujours dit que, si elle se décidait au mariage, ce serait en faveur de lui seul. Il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’elle eût accepté son nom ; mais elle n’avait accepté que cela, elle tenait à le faire savoir. Elle répéta ce thème sous toutes les formes à trois cents personnes au moins dans l’espace d’une semaine, et quand elle se trouva suffisamment bien posée, elle me dit :