Page:Sand - Constance Verrier.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« — Vous êtes-vous ennuyée à l’Opéra ? me dit-il quand nous fûmes en voiture.

« — Je ne m’ennuie jamais où vous êtes, lui répondis-je, et, d’ailleurs, c’est très-beau, l’opéra de ce soir. Mademoiselle *** est un type de grâce et de poésie, ne trouvez-vous pas ?

« — Je ne sais trop ; est-ce qu’elle a bien dansé aujourd’hui ?

« Cette dissimulation acheva de m’éclairer, et je n’eus pas besoin de chercher d’autres preuves.




VIII


« Ma douleur fut immense, mais elle resta à peu près muette. Je n’eus d’épanchement que deux ou trois mois plus tard, c’est-à-dire après la naissance de ma fille. La froideur que mon mari témoigna à cette pauvre enfant, me jeta dans une sorte d’exaspération dont je faillis mourir. C’est alors que j’ouvris mon cœur à une vieille amie, assez négligés jusque-là, mais qui sut provoquer et gagner ma confiance à propos.

« C’était la marquise de… (il est convenu que nous ne nommons personne). Elle m’avait tenue sur les fonts ; c’est à elle que je dois le singulier prénom de Sibylle, et, comme elle était fort cassée, petite, sèche, laide, mais active et futée, quand on nous voyait cau-