Page:Sand - Constance Verrier.djvu/117

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ne cache que ce qui est facile à cacher, c’est-à-dire ce qui est tout petit : un billet doux, une aventure, un caprice ! Mais cachez donc un temple ou une montagne, un monde d’émotions, une passion toute-puissante ! Ça ne me paraît guère possible, et tout sentiment qui subit aisément le joug de la raison, toute affection qui est strictement subordonnée à la convention de l’usage, doit être très-peu de chose, en vérité ! Alors, on fait fort bien d’y mettre de la pudeur, et les amourettes mystérieuses sont un progrès sur les désordres effrontés. Seulement, je crois qu’il serait encore plus sûr, et presque aussi facile, de s’abstenir de ces fantaisies qui tiennent si peu de place dans la vie d’une femme prudente.

— Oh ! oui-da ! répondit vivement madame d’Évereux, vous en parlez à votre aise, mais en personne qui n’y entend rien du tout. Il y a, dans ce que vous appelez fantaisies, des émotions violentes et des ardeurs irrésistibles. Je ne prétends pas les connaître par moi-même, mais j’ai assez vu le monde, j’ai été liée avec assez de femmes pour savoir que, sur ce terrain-là, on ne marche pas toujours facilement à pas de fantôme. On a beau graisser les portes et mettre de la ouate sur les tapis, les nerfs sont quelquefois ébranlés si fortement qu’on est bien près de se trahir soi-même. « J’ai connu une personne qui m’a dit avoir dépensé plus de peine et de fatigue pour ne pas laisser deviner ses fantaisies qu’il ne lui en eût fallu pour bâtir une cathédrale. Et qui vous dit, d’ailleurs, que le cœur ne