Page:Sand - Constance Verrier.djvu/230

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qu’il a menti, et c’est pour ça que tu lui pardonnes ?

— Si un autre que lui m’eût menti, répondit Constance, je le mépriserais ; mais lui, si amoureux de la vérité, il l’a trahie pour me rendre le repos, et c’est le plus grand sacrifice qu’il pût me faire, je sais cela !

— Tu disais que tromper la personne qu’on aime, c’est la rabaisser ?

— Ah ! quand il s’agit de lui, tout change d’aspect et de nom. Le mensonge dans sa bouche, c’est l’expiation !


— Allons, je vois, dans tout ça, que vous vous aimez toujours et que tu guériras vite.

— Ah ! ça, ma bonne tante, c’est une autre affaire. J’ai bien souffert, vois-tu !

— Mais de quoi ? voyons ! Tu n’as jamais voulu t’expliquer, et je n’osais pas te questionner, moi ; et, cependant, peut-être vaut-il mieux tout se dire à présent. Dis tout, je le veux !

— Tante, puisque tu veux le savoir, j’ai été assassinée !


— Qu’est-ce que tu dis ? s’écria la tante effrayée et croyant à un accès de délire ; allons, allons, ne parlons plus de ça, ça te fait du mal !

— Non, ça me soulagera, au contraire ; laisse-moi parler, et n’aie pas peur. Abel est arrivé ici le soir que tu sais, au moment où la Mozzelli et la duchesse se disputaient un amant qu’elles avaient eu toutes deux dans la même quinzaine. Abel a sonné à la grille, et Sofia, courant à sa rencontre, lui a dit, — je l’ai entendu :