Page:Sand - Constance Verrier.djvu/32

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cieusement formulé, et, comme la Mozzelli était au bas de l’escalier prête à monter dans sa voiture, elle eut l’idée de la rappeler pour l’engager à venir aussi chez elle ; mais elle hésita.

— Croyez-vous, dit-elle à la duchesse, que je ferais mal de l’inviter ? Je l’aime de tout mon cœur, mais…

— Mais sa vie passée ne ressemble guère à la vôtre, répondit madame d’Évereux. Cependant, sa vie actuelle est bonne et mérite encouragement et protection.

— C’est vrai ! répondit Constance avec vivacité. Je l’inviterai ! — Et elle courut après la cantatrice pour lui faire part du projet de la duchesse. Il s’agissait de se réunir vers cinq heures pour voir la maison et les objets d’art, de dîner à six, de faire un peu de musique et de causerie, et de se séparer à dix heures, le tout sans figures étrangères et gênantes. Les demoiselles Verrier se diraient à la campagne.

On prit jour, et on se sépara. La bonne Mozzelli était fort touchée de cette invitation. Elle n’eût pas osé, sans y être autorisée, se présenter chez une personne aussi rigide que Constance, et elle comprenait tout ce qu’il y avait de délicatesse et de bonté dans sa démarche.

Quant à la duchesse, elle trouvait fort bon que la Sofia fût en tiers dans la conversation. Elle comptait sur la spontanéité de cette tête vive pour poser à Constance des questions plus hardies qu’elle n’eût pu se les permettre elle-même.