Page:Sand - Constance Verrier.djvu/38

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m’avez calomniée en me supposant irritée contre la plus noble moitié du genre humain ; mais c’est une raison de plus pour vous de bien plaider votre cause et de vouloir entraîner l’aréopage. Parlez, que reprochez-vous tant aux hommes ?

— L’égoïsme ! répondit la Mozzelli avec feu : ces êtres-là nous aiment si mal qu’ils ne nous tiennent aucun compte de notre dévouement. C’est un hommage légitime qu’ils acceptent, et encore croient-ils faire beaucoup en ne le repoussant pas comme une idolâtrie indiscrète et importune !

— Où avez-vous vu ça ? dit la duchesse, dans votre expérience ?

— Oui, dans ma vie. Voulez-vous que je vous la raconte ?

— Non, dit Constance.

— Pourquoi ? Vous craignez que je ne sois pas convenable ?

— Vous le serez, dit la duchesse, parlez !

Constance baissa les yeux, regrettant, mais trop tard, d’avoir écouté son bon cœur en invitant ces deux femmes. Elle prit cependant son parti avec esprit ; assise près du piano, elle improvisa sur le clavier un récitatif dramatique, après quoi elle dit à la cantatrice :

— Es-ce que vous ne pourriez pas nous la chanter, votre histoire ?

— Non, pas en sortant de table, répondit la Sofia ; mais vous pouvez me soutenir d’une basse continue, ça m’aidera à commencer.