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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CXXV

À MADAME LA COMTESSE D’AGOULT[1], À GENÈVE


Paris, mai 1835.


Ma belle comtesse aux beaux cheveux blonds,

Je ne vous connais pas personnellement, mais j’ai entendu Franz[2] parler de vous et je vous ai vue. Je crois que, d’après cela, je puis sans folie vous dire que je vous aime, que vous me semblez la seule chose belle, estimable et vraiment noble que j’aie vue briller dans la sphère patricienne. Il faut que vous soyez en effet bien puissante pour que j’aie oublié que vous êtes comtesse.

Mais, à présent, vous êtes pour moi le véritable type de la princesse fantastique, artiste, aimante et noble de manières, de langage et d’ajustements, comme les filles des rois aux temps poétiques. Je vous vois comme cela, et je veux vous aimer comme vous êtes et pour ce que vous êtes.

Noble, soit, puisqu’en étant noble selon les mots, vous avez réussi à l’être suivant les idées, et puisque comtesse vous m’êtes apparue aimable et belle, douce

  1. Madame la comtesse d’Agoult (Daniel Stern), auteur de la Révolution de 1848, de l’Histoire des Pays-Bas, des Esquisses morales, etc., etc.
  2. Franz Liszt.