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pouvez, ce me semble, réaliser demain si bon vous semble. Mais vous ne le voulez pas, et vous avez bien raison.

Il n’y a de bon dans la vie que ce qui est contraire à la vie ; le jour où nous ne songerons plus qu’à la conserver, nous ne la mériterons plus.

N’est-ce pas une fatigue d’aimer ses amis ? Il serait bien plus commode de ne se déranger pour personne, de ne soigner ni enterrer les autres, de n’avoir ni à les consoler ni à les secourir et de ne point souffrir de leurs peines. Mais essayez ! cela ne se peut.

Bonsoir, cher fils ; je vous aime : c’est la moralité de la chose.

G. SAND.


DCXCVI

À GUSTAVE FLAUBERT, À CROISSET


Nohant, 2 avril 1869.


Cher ami de mon cœur, nous voici redevenus calmes. Mes enfants me sont arrivés bien fatigués. Aurore a été un peu malade. La mère de Lina est venue s’entendre avec elle pour leurs affaires. C’est une loyale et excellente femme, très artiste et très aimable. J’ai eu aussi un gros rhume, mais tout se remet, et nos charmantes fillettes consolent leur