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Page:Sand - Francia.djvu/121

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rentrée qu’à cinq heures du matin ; Valentin l’avait ramenée, et elle avait réussi à se faire ouvrir sans être vue de personne. Dodore n’était pas rentré du tout. Elle était donc là depuis quatre grandes heures, plongée dans de vagues rêveries, et tout un monde nouveau se déroulait devant elle.

Elle ne ressentait ni chagrin, ni fatigue ; elle vivait dans une sorte d’extase et n’eût pu dire si elle était heureuse ou seulement éblouie. Ce beau prince lui avait juré de l’aimer toujours, et en la quittant il le lui avait répété d’un air et d’un ton si convaincus, qu’elle se laissait aller à le croire. Un prince ! Elle se souvenait assez de la Russie pour savoir qu’il y a tant de princes dans ce pays-là que ce titre n’est pas une distinction aussi haute qu’on le croit chez nous. Ces princes qui tirent leur origine des régions caucasiques ont eu parfois pour tout patrimoine une tente, de belles armes, un bon cheval, un maigre troupeau et quelques serviteurs, moitié bergers, moitié bandits. N’importe ; en France, le titre de prince reprenait son prestige aux yeux de la Parisienne, et le luxe re-