Page:Sand - Francia.djvu/162

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Il lui fit boire un peu d’eau, l’engagea à se tenir calme un instant et l’observa ; puis, la questionnant avec ordre, laconisme et douceur, il fut frappé de la lucidité et de la sincérité de ses réponses. Au bout de dix minutes, il savait toute la vie de Francia, et se rendait un compte exact de sa situation.

— Ma pauvre enfant, lui dit-il, il ne me paraît pas certain que ce prince russe soit le meurtrier de votre mère. Vous avez pu être trompée par une rivale, à l’effet de vous faire souffrir ou de rompre vos relations avec son amant ; mais je suis pour le proverbe Dans le doute, abstiens-toi ! Vous ferez donc bien, dans quelques heures, ce soir,… quand vous pourrez sortir sans inconvénient pour votre santé, de vous en aller d’ici.

Francia fit un geste d’angoisse.

— Vous n’avez rien, je sais, reprit le docteur, et vous ne voulez plus rien recevoir de ce prince. Moi, je ne suis pas riche, je suis même pauvre ; mais je connais de bonnes âmes qui, sans même savoir votre nom et votre histoire, me donneront