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Page:Sand - Francia.djvu/171

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comme brisée sous une humiliation que personne jusqu’alors ne lui avait infligée.

— Voyons, lui dit le prince, vas-tu être malheureuse avec moi, quand je fais mon possible pour te distraire et t’égayer ! Te sens-tu malade ? veux-tu te recoucher et dormir ?

— Non ! s’écria-t-elle en lui saisissant le bras ; vous vous en iriez chez cette dame !

— Te voilà jalouse encore ?

— Eh bien ! oui, je suis jalouse malgré tout ce que vous m’avez dit, je suis jalouse malgré moi ! Ah ! tenez, je souffre bien ; je sens que je suis lâche d’aimer un ennemi de mon pays ! Je sais que pour cela je mérite le mépris de tous les honnêtes gens. Ne dites rien, allez, vous le savez bien vous-même, et peut-être que vous me méprisez aussi au fond du cœur. Peut-être qu’une femme de votre pays ne se donnerait pas à un militaire français ; mais je supporterai cette honte, si vous m’aimez, parce que cette chose-là est tout pour moi ; seulement il faut m’aimer ! Si vous me trompiez !…

Elle fondit en larmes. Le prince, voyant l’éner-