Page:Sand - Francia.djvu/201

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Au bout d’un instant, reprenant courage, elle put marcher. Ils étaient à deux pas de l’estaminet de la Jambe de bois ; c’est ainsi que les gens du quartier désignaient familièrement l’établissement du sergent Moynet. Il était encore ouvert. L’invalide jeta un grand cri de joie en revoyant sa fille adoptive ; mais, comme elle était pâle et défaillante, il la fit entrer dans une sorte d’office où il n’y avait personne et où il se hâta de l’interroger. Elle ne pouvait pas encore parler ; il questionna Antoine qui baissa la tête et refusa de répondre.

— Elle vous dira ce qu’elle voudra, dit-il ; moi, je n’ai qu’à me taire !

Et comme il pensait bien qu’elle ne voudrait pas s’expliquer devant lui, l’honnête garçon eut la patience et la délicatesse de renoncer à savoir la vérité. Il se retira en disant à Francia :

— Je m’en vais aider le garçon à fermer l’établissement. Si vous avez quelque chose à me commander, je suis là.

Francia, touchée profondément, lui tendit une main qu’il serra dans les siennes avec une émotion