Page:Sand - Francia.djvu/210

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mer une situation tellement anormale, il fallut quelques minutes pour s’entendre, et Francia avait eu le temps de la réflexion.

— Il hésite, pensa-t-elle. Il ne se décide pas comme cela tout d’un coup. Le temps se passe, Moynet est obligé de lui dire beaucoup de paroles pour lui donner en moi une confiance qu’il ne peut plus avoir. Ah ! voilà qui est plus humiliant que toutes mes abjections ! Prendre pour maître un homme qui rougit de vous aimer ! Non ! ce n’est pas possible, mieux vaut mourir !

La porte de l’arrière-boutique était ouverte. Elle s’élança dehors, elle courut comme une flèche. Quand Antoine vint pour lui parler, elle était déjà loin ; il la chercha au hasard toute la nuit. Il ne savait pas où elle demeurait ; il lui fut impossible de la rejoindre.

D’abord Francia, en proie au vertige du suicide, ne songea qu’à gagner la Seine ; mais un instinct plus fort que le désespoir, un vague sentiment de l’amour que Mourzakine lui portait encore