Page:Sand - Francia.djvu/211

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l’arrêta au bord du parapet. Qui sait si le prince n’était pas innocent ? Le comte avait peut-être tout inventé pour la perdre. C’était sans doute un homme indigne, infâme, puisqu’il avait voulu lui faire violence. Sans doute aussi Mourzakine le savait capable de tout, puisqu’il avait donné à Francia une arme pour se défendre. Ce poignard en disait beaucoup. Le prince n’avait pas voulu livrer sa maîtresse, puisqu’il avait fait cette action qui signifiait : tue-le, plutôt que de céder.

Avant de mourir, il fallait savoir la vérité, ne fût-ce que pour mourir avec moins de haine dans le cœur et de honte sur la tête.

Elle pouvait toujours en venir là ; elle avait le poignard, elle le tira et regarda à la lueur du réverbère sa lame effilée sa fine pointe ; elle le regarda longtemps, elle perça le bout de sa ceinture de soie repliée en plusieurs doubles. Rien n’est plus impénétrable à l’acier, la plus forte aiguille s’y fût brisée ; le stylet s’y enfonça sans que Francia fît le moindre effort.

— Eh bien ! se dit-elle, rien n’est plus facile que