Page:Sand - Francia.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de se mettre cela dans le cœur. Me voilà sûre d’en finir quand je voudrai. J’ai été blessée à la guerre ; je sais que dans le moment cela ne fait pas de mal. Si on meurt tout de suite, on ne souffre pas ! Elle roula trois fois autour de sa taille la belle écharpe de crêpe de Chine que Mourzakine lui avait fait choisir. Elle y cacha le poignard persan et reprit sa course jusqu’à l’hôtel de Thièvre, où elle voulait passer avant de se rendre au pavillon.

Il était trois heures du matin lorsqu’elle y arriva. Une voiture en sortait et se dirigeait vers la grille du jardin où le pavillon était situé. Elle suivit cette voiture qui allait vite ; elle la suivit avec la puissance exceptionnelle que donne la surexcitation : elle arriva en même temps que Mourzakine en descendait. Elle se plaça de manière à n’être pas vue, et, profitant du moment où, après avoir ouvert la grille, Mozdar se présentait à la portière pour recevoir son maître, elle se glissa dans le jardin si rapidement et si adroitement, que ni le Cosaque, qui lui tournait le dos, ni le prince, qui avait le grand et gros corps du Cosaque devant