Page:Sand - Francia.djvu/222

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Que se passa-t-il alors ? Nul ne le sait. Francia se rassit, reprise par le froid et l’abattement. Elle contempla ce beau visage si tranquille qui semblait lui sourire ; la bouche était entr’ouverte, et, du milieu des touffes de la barbe noire, les dents éblouissantes de blancheur se détachaient comme une rangée de perles mates. Il avait les yeux grands ouverts fixés sur elle.

Il essaya de porter la main à sa poitrine, comme pour se débarrasser d’un corps étranger qui le gênait. Il n’en eut pas la force ; la main retomba ouverte sur le bord du lit. Il était frappé à mort. Francia n’en savait rien. Elle lui avait planté le poignard persan dans le cœur ; elle avait agi dans un accès de délire dont elle n’avait déjà plus conscience : elle était folle.

Mourzakine avait-il poussé un cri, exhalé une plainte ? lui avait-il parlé, lui avait-il souri, l’avait-il maudite ? Elle ne le savait pas. Elle n’avait rien entendu, rien compris ; elle croyait rêver, se débattre contre un cauchemar. Elle ne se souvenait plus d’avoir voulu se tuer. Elle se crut éveillée