Page:Sand - Francia.djvu/231

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cia, venait la nuit relayer Théodore, ou l’aider à contenir les accès de délire de sa sœur. Francia ne manquait donc ni de soins, ni de secours ; mais le contraste entre le lieu écœurant et sinistre où il la trouvait, après l’avoir laissée dans une sorte d’opulence, serra le cœur du docteur Faure. Il dut faire allumer une chandelle pour voir son visage, et après s’être bien informé de la marche suivie jusque-là par la maladie, il espéra la guérir, et revint le lendemain. Peu de jours après, il la jugea hors de danger. Théodore, qui secoua tristement la tête, lui dit en causant tout bas avec lui dans un coin :

— S’il faut qu’elle vive comme la voilà, mieux vaudrait pour elle qu’elle fût morte !

— Vous la croyez folle ? dit le docteur.

— Oui, monsieur, car c’est quand la fièvre la quitte un peu qu’elle a le moins sa tête. Avec la fièvre, elle dit qu’elle a tué le prince russe, et nous ne nous étonnons pas, c’est le délire ; mais quand on la croit bien revenue de ça, elle vous dit qu’elle a rêvé de mort, mais qu’elle sait bien que le prince est vivant, puisqu’il est là endormi sur