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Page:Sand - Francia.djvu/61

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écrire trois mots à ma mère : une occasion se présentait. Quand j’eus fini, je me rappelai la blessée qui gisait à deux pas de moi. Je la regardai. Je rencontrai ses grands yeux noirs attachés sur moi, tellement fixes, tellement creusés, que leur éclat vitreux me parut être celui de la mort. J’allai à elle, je mis ma main sur son front ; il était réchauffé et humide.

» — Tu n’es donc pas morte ? lui dis-je : allons ! tâche de guérir.

» Et je lui mis entre les dents une croûte de pain qui était restée sur la table. Elle me sourit faiblement, et dévora le pain qu’elle roulait avec sa bouche sur l’oreiller, car elle n’avait pas la force d’y porter les mains. De quelle pitié je fus saisi ! Je courus chercher d’autres vivres, en disant à la femme de la maison :

» — Ayez soin de cette petite. Voilà de l’argent ; sauvez-la.

» Alors l’enfant fit un grand effort. Comme je sortais, elle tira ses bras maigres hors du lit et les tendit vers moi en disant :