Page:Sand - Francia.djvu/86

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avait un charme indéfinissable. C’est ainsi que se le définissait Mourzakine dans son langage intérieur de mots convenus et de phrases toutes faites.

La marquise rentra vers minuit. Elle était agitée. On lui avait tant parlé de son prince russe, on le trouvait si beau, tant de femmes désiraient le voir, qu’elle se sentait blessée en pensant avec quelle facilité il pourrait se consoler de ses dédains. — Persisterait-il à la désirer, quand un essaim de jeunes beautés, comme on disait alors, viendrait s’offrir à sa convoitise ? Peut-être, ne s’était-il soucié d’elle que très-médiocrement jusque-là : c’était un affront qu’elle ne pouvait endurer. Elle revenait donc à lui, résolue à l’enflammer de telle manière qu’il dût regretter amèrement la déception qu’elle se promettait de lui infliger, car en aucun cas elle ne voulait lui appartenir.

Elle avait congédié ses gens, disant qu’elle attendrait M. de Thièvre jusqu’au jour, s’il le fallait, pour avoir des nouvelles, et elle avait gardé sa