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Page:Sand - La Famille de Germandre.djvu/287

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LA FAMILLE DE GERMANDRE.

la circonstance. Il n’était pas plus crédule qu’un autre et sa confiance n’était pas jouée ; mais, chose étrange ! à peine fut-il aux prises avec l’objet de sa convoitise, qu’il se sentit faiblir. Il n’en laissa rien paraître, et, s’abstenant de toucher à quoi que ce soit, il eut l’air de ne vouloir s’en remettre, pour commencer, qu’à un examen visuel.

Ceci dura cinq minutes qui parurent un siècle, et durant lesquelles l’abbé se fit le raisonnement suivant :

— J’ai une jolie aisance, je ne manque de rien, je n’ai pas d’enfants et je suis un des hommes les plus libres et les mieux portants qui existent. Pourquoi risquerais-je ma vie pour de l’argent ? Il y a quatre-vingt-dix-neuf chances contre une que je ne la risque pas ; mais cette centième chance qui est la mauvaise !… Non ! je ne toucherai à rien !…

Cinq minutes s’écoulèrent encore, et un murmure d’étonnement commença à s’élever. Dans la confusion des voix, l’abbé distingua celle d’Octave, qui était fort claire, et qui disait au chevalier :

— Notre oncle a peur, le diable m’emporte !