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Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/228

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content. Eh bien, prenez que c’est malgré moi. Mes bergers ont vu, il y a déjà un an, votre femme et Tonino venir ici. Il y a donc un an qu’on vous trompe.

— Voilà une pauvre raison pour le croire. Venir ici ne constitue pas un crime contre moi.

— Le saviez-vous ?

— Apparemment, puisque je n’ai pas eu de soupçons.

— Et, lundi dernier, votre femme vous a-t-elle dit qu’elle y fût venue ?

— Comment aurais-je découvert cette grotte, si elle ne me l’eût indiquée ?

— Vous avez réponse à tout. Allons, je patienterai. Je ne divulguerai rien encore, mais vous voilà averti. Je vous donne un mois pour savoir et pour agir.

— Et, moi, je vous donne tout ce temps-là pour réfléchir à ce que je vous ai dit.

— Vous me tuerez, si je parle ?

— Ou vous me tuerez ; mais ce sera un combat de sauvages entre nous.

— Vous êtes trop philosophe ou trop humain pour tuer votre femme ou votre rival, et vous n’aurez pas de scrupule à menacer ma vie, à moi qui veux sauver votre honneur ?

— Vous m’avouerez, lui dis-je en riant, que, le jour où vous feriez un éclat, je serais quitte de la reconnaissance que vous réclamez aujourd’hui. Chacun, d’ailleurs, garde son honneur et celui de ses proches