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Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/229

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comme il l’entend, du moment qu’il n’y a pas de lois pour le protéger.

— Des lois ? Il y en a. Faites-moi un procès en calomnie.

— Pour ébruiter vos insultes et donner à la malignité publique un éternel sujet de gaieté ou de provocation contre moi ?

— Eh bien, si j’allais dire partout aujourd’hui que vous m’avez menacé de me tuer, si j’allais en prévenir l’autorité pour me mettre sous sa protection, pensez-vous que vous auriez réussi à endormir l’opinion en cherchant à m’intimider ?

— Il faut donc que je vous tue ou que je me fasse tuer tout de suite ? répondis-je. Je n’étais pas préparé à cela ; mais peu importe, puisque votre folie, votre haine ou votre obstination me met ici le couteau sur la gorge. Défendez-vous, maître Sixte ; nous ne sommes armés ni l’un ni l’autre, personne ne nous voit, nous allons nous étreindre et lutter ici, jusqu’à ce que l’un de nous ait étouffé l’autre.

— Parlez-vous sérieusement ?

— Vous m’attaquez, il faut bien que je me défende.

— Je vous attaque, moi ?

— Vous me déclarez que vous êtes décidé à déshonorer ma femme, et moi par contre ; car, si je vous laisse sortir d’ici, rien au monde ne pourra vous en empêcher. Il faut bien que je vous en empêche tout de suite.

— Je vous ai donné un mois…