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Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/245

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il lui rapporta sa fuite, sa dispute et sa réconciliation avec son frère, sa course désespérée à travers les bois, la visite que Salcède lui avait faite à Léville, et sa promesse de revenir ce jour même.

— Mais je n’ai pu attendre le jour, ajouta-t-il. J’avais encore un chagrin mortel, et un besoin de t’embrasser qui dominait tout. Écoute, mère, je ne vaux rien, je ne mérite pas d’être ton fils ; mais j’ai quelque chose de bon, c’est que je t’adore et que, n’eussé-je pas la certitude, la conviction absolue que, sans le savoir, tu viens de me donner, j’accepterais tout et ne t’en aimerais que davantage, si cela était possible !

La mère et le fils s’embrassèrent passionnément ; je n’entendis plus que leurs baisers et leurs sanglots, mêlés d’exclamations de joie, jusqu’à la rentrée de Salcède avec Gaston et Ambroise. Roger se jeta dans les bras de son frère et l’amena dans ceux de sa mère. Il embrassa aussi Salcède, et, après avoir dit des paroles affectueuses à Ambroise, il demanda où j’étais. Personne ne m’avait vu, mais j’étais prévenu et j’allais sans doute arriver. Alors Roger demanda pourquoi Charlotte et ses parents n’assisteraient pas les premiers à la reconnaissance publique qu’il voulait faire de son frère.

Espérance s’y refusa, et d’une voix ferme il fit cette réponse surprenante et inattendue :