Page:Sand - Les Maitres sonneurs.djvu/429

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qui baignait dans le fossé. Ils y entrèrent, et ceci m’expliqua par où les autres avaient disparu quand je les avais si bien cherchés.

Il s’agissait de faire comme eux, et ça ne me paraissait guère malaisé ; mais j’eus bien de la peine à y décider mes compagnons. Ils avaient ouï dire que les souterrains du château s’étendaient sous la campagne jusqu’à Déols, qui est à environ neuf lieues, et qu’une personne qui n’en connaîtrait pas les détours ne s’y pourrait jamais retrouver.

Je fus obligé de leur dire que je les connaissais très-bien, encore que je n’y eusse jamais mis le pied, et que je n’eusse aucune idée si c’était des celliers pour le vin, ou une ville sous terre, comme aucuns le prétendaient.

Je marchais le premier, sans voir seulement où je posais mes pieds, tâtant les murs qui faisaient un passage très-étroit et où il ne fallait guère lever la tête pour rencontrer la voûte.

Nous avancions comme cela depuis un bon moment, quand il se fit, au-dessous de nous, un vacarme comme si c’était quarante tonnerres roulant dans les cavernes du diable. Cela était si singulier et si épouvantable, que je m’arrêtai pour tâcher d’y comprendre quelque chose, et puis j’avançai vitement, ne voulant pas me laisser refroidir par l’imagination de quelque diablerie, et disant à mes camarades de me suivre ; mais le bruit était trop fort pour qu’ils m’entendissent parler, et moi, pensant qu’ils étaient sur mes talons, j’avançai encore plus, jusqu’à ce que, n’entendant plus rien, et me retournant pour leur demander s’ils étaient là, je n’en reçus aucune réponse.

Comme je ne voulais point parler haut, je fis quatre ou cinq pas en retour de ceux que j’avais faits en avant. J’allongeai les mains, j’appelai avec précaution ; adieu la compagnie, ils m’avaient laissé tout seul.