Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/100

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hôtesse cuisinait dans la perfection. Le poisson ne sera pas fameux ; vous savez, pour manger du poisson de mer, il ne faut pas être au bord de la mer. Ces braves gens portent toute leur marchandise aux chemins de fer, mais nous aurons tout de même des crabes et de la salicoque, plus la soupe au lard, première qualité, et le fromage à discrétion.

— Tout cela est charmant, répondis-je, et j’ai un appétit qui ferait honneur à un requin.

Nous passâmes sous le berceau, qui ne préservait en aucune façon du soleil ; mais j’étais décidé à tout braver. Heureusement, madame Guillaume eut l’attention de nous envoyer une vieille voile de barque que M. Célio étendit sur nos têtes ; après quoi, s’adressant à Stéphen :

— Ma sœur est là pour vous servir, dit-il, et ma mère aura bien soin de vous. Moi, je m’en vais voir ma marraine. C’est son jour pour causer avec nous, et, vous savez, tout le monde y va le dimanche, c’est l’habitude.

— Tant pis, répondit Stéphen, j’espérais que vous nous feriez le plaisir de manger la soupe avec nous ; mais, puisque vous avez une marraine… ne vous gênez pas. Ces gaillards-là sont-ils heureux d’avoir comme ça des parrains et des marraines ! moi, je ne sais pas seulement si j’ai été baptisé.

— Je présume, dis-je à la mère Guillaume, qui nous apportait les crevettes toutes chaudes, que la marraine de monsieur votre fils s’appelle Célie ?

— Pardine ! répondit-elle, vous la connaissez bien ! c’est la demoiselle. Elle n’avait pas plus de dix ans quand elle a été marraine de mon gars. Ah t dame, c’est une paire d’amis à présent ; c’est lui qui la mène