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Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/101

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en mer avec Célio Barcot, Célio Petit et Célio Chaulin, tous ses filleuls, sans compter ceux qui ne sont pas encore en âge de mener la barque.

— Alors, la demoiselle est la marraine de tout le village ?

— C’est son grand-père qui voulait ça, et on a continué. Aussi on a un Célio quasiment dans toutes les familles. Le curé de la paroisse dit que ça n’est pas un nom de saint, mais que ça veut dire enfant du ciel, et que, par conséquent, ça n’est pas un nom païen.

— C’est un homme fort, votre curé, dit Stéphen.

— Il est ce qu’il est, répondit la vieille, ça nous est égal. Notre bon Dieu à nous, c’est la demoiselle, et il sait bien qu’il ne faudrait pas venir dire ici autrement qu’elle ne dit.

— J’avais oublié de vous prévenir, me dit Stéphen lorsque madame Guillaume fut sortie. Il y a ici un fétichisme pour cette demoiselle : je ne la connais pas et vous la connaissez, je n’ai pas d’opinion sur son compte et je ne vous demande pas la vôtre ; mais je vous préviens, afin que, s’il vous venait une réflexion imprudente… Nous serions lapidés, mon cher ! je ne vous dis que ça.

— Je n’ai que du bien à dire d’elle.

— Alors, ça se trouve bien ; moi, ça m’est égal. Partout où l’on va, les gens ont une idole de pierre ou de bois, et, si on niait les miracles qu’elle fait, on serait vu comme un chien. Ici, c’est une idole de chair et d’os. Soit ! on prend les choses comme on les trouve et les gens comme ils sont.

— Elle vient donc rarement sur ce rivage, que vous ne l’avez jamais aperçue ?