Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/66

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cement, qu’une flamme de jeunesse, sans choix et sans réflexion. Après mon refus, c’a été, je le sais, un dépit amer ; vous êtes revenu à moi quand j’étais dans la douleur ; et vous vous êtes noblement conduit. Cela, c’était votre devoir, je souffrais à cause de vous ! Vous avez agi en honnête homme, je vous ai récompensé par ma reconnaissance et mon amitié. Vos égarements ne vous les ont pas fait perdre. Soyez-en plus digne encore, réformez votre conduite, respectez-vous, sauvez votre mère ; mais ne me parlez plus jamais de votre passion évanouie comme d’un reproche que je mérite. Je vous répondrais que le chagrin de cœur qui ne trouve d’apaisement que dans la débauche est d’une nature qui me répugne et me met en défiance, même du passé.

» Elle alla retrouver ma mère pour lui dire que je me repentais de l’avoir affligée, et que je promettais sur l’honneur une conduite plus régulière. Je crois qu’elle lui dit aussi un petit sermon sur l’excès de sa susceptibilité, car je la trouvai très-calmée et ne parlant plus de sa fin prochaine. Je pus la remmener, et, tandis qu’elle montait en voiture, je demandai tout bas à Célie si elle me permettait de venir reprendre avec elle l’entretien que nous venions d’avoir ensemble. J’affectai un grand sang-froid pour lui donner confiance, mais cela ne réussit point.

» — Vous savez, répondit-elle, que je ne reçois pas de visites particulières sans quelque grave motif. Il n’y en aura plus entre nous. Si votre mère me fait l’honneur de revenir chez moi, vous pourrez l’accompagner, et, si elle désire que j’aille chez elle, j’irai. Je ne vous dis donc pas adieu, mais peut-être au revoir.