Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cela me fait souffrir de vous voir devant nous comme à confesse. Nous ne sommes pas des curés, mordieu ! Vos secrets sont à vous. Répondez seulement à une question, demoiselle, et croyez que, si je me la permets, c’est parce que j’ai peur pour vous, et que… et que, ma foi ! je me souviens de l’amitié qu’il y avait autrefois entre nous ! Cela me ferait de la peine de vous voir malheureuse, et je crois que vous le serez diablement… Pardon ! je veux dire beaucoup, si…

— Achevez, Narcisse ; que supposez-vous ? que me demandez-vous ?

— Je suppose que… tant pis ! Je vous demande si vous pensez à épouser ce monsieur ?

— L’épouser, moi ? y songez-vous ? s’écria mademoiselle d’Estorade, surprise et troublée.

— Dame ! reprit Narcisse embarrassé, une fille comme vous… je veux dire une demoiselle de votre rang, avec tant de religion et d’honneur, ne peut pas voir autrement dans ces choses-là !

— Ces choses-là ? reprit en rougissant mademoiselle d’Estorade ; vous croyez que j’ai de l’amour pour Albany ?

— Dame ! pardonnez-moi. Si vous n’en avez point, c’est tant mieux ; mais vous paraissiez convenir hier…

— Hier, j’étais folle. Je me suis crue coupable en me voyant dévoilée… Coupable ! non, je ne le suis pas comme vous croyez… Pourtant, je devrais l’être beau-