Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/227

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métallique, claire comme une voix d’argent, au moment où j’entrai dans la nouvelle maison de notre ami. Elle était terminée, mais encore humide, et il ne l’habitait pas encore. J’y avais fait déposer provisoirement certaines pièces de mécanique dont j’étais trop encombré chez moi. J’avais donc une clef de cette maison, et j’y pénétrai sans bruit. La nuit était assez froide. Des nuages fantastiques, qui semblaient pressés de courir à je ne sais quel sabbat, passaient sur la lune terne et triste. Par moments, on distinguait tout ; dans d’autres, on ne voyait pas à se conduire.

Comme je m’avançais à pas de loup dans le jardin, par un de ces moments d’obscurité, je me sentis prendre le bras rudement, et une voix irritée me demanda qui j’étais.

— C’est moi, Narcisse, répondis-je ; tranquillisez-vous, et parlons bas.

— Quoi ? qu’y a-t-il de nouveau ? me demanda-t-il avec anxiété.

— Il n’y a rien. Seulement, je crains quelque folie de la part de ce fat, et je ne veux pas que Juliette ignore à quel point elle doit se méfier de lui. Vous aviez la même pensée, puisque je vous rencontre ici ?

— Moi, j’ai quelque raison de plus pour craindre. Quand il lui a fait ses adieux, il lui a dit des paroles que je n’ai pas entendues. Dieu sait ce qu’il peut y avoir