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Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/228

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entre eux, mon ami ! Je vous dis cela sans croire qu’il y ait aucun mal, je vous le jure ! mais nous ne savons pas tout. Eh bien, qu’il en soit ce que Dieu voudra ; mais ce monsieur agira ouvertement, ou je le tuerai. S’il plaît à Juliette d’ouvrir cette porte que nous lui avons déjà vu ouvrir une fois, et de venir ici écouter des secrets où, maintenant, nous serions de trop, je jure que je n’écouterai pas et que je me tiendrai tranquille ; mais, s’il vient essayer de s’introduire chez elle par-dessus les murs, pour faire croire ce qui n’est point aux gens qui l’entourent, ce sera tant pis pour lui, aussi vrai que Dieu m’entend !

— Taisez-vous, lui dis-je, vous ne ferez rien sans ma volonté, à moins que vous ne soyez fou ! Tuer, ou seulement maltraiter un homme ici, serait, en vérité, une heureuse idée pour préserver Juliette de la calomnie ! Voyons, Narcisse, du calme ! on vient par la terrasse. Observons ! vous avez juré, d’ailleurs, que, si Juliette était d’accord avec lui, vous vous tiendriez tranquille.

Nous rentrâmes dans la maison, d’où, pendant une grande heure, nous vîmes, par intervalles, passer et repasser l’ombre d’Albany. Évidemment, il avait demandé et espéré un rendez-vous, et il l’attendait, en proie à l’inquiétude, à l’impatience et au froid de la nuit, dont nous ne souffrions guère moins que lui, mais auquel nous résistâmes héroïquement, pour ne pas le perdre de